Lors des entretiens Enseignants Entreprises 2015, Bertrand Ballarin, Directeur des relations sociales du Groupe Michelin, a présenté les innovations managériales mises en place chez Michelin autour du concept d’Entreprise Libérée.
Le temps où travailler se résumait à échanger un salaire contre du temps de travail est révolu. Aujourd’hui, les entreprises ont besoin d’engagement de la part de leurs salariés pour innover, créer, mieux servir leurs clients, fabriquer des produits de qualité,… Le facteur humain prend sa revanche après des années de Taylorisme.
Mais cette recherche d’engagement fait aussi que, pour la personne, il y a de plus en plus interpénétration entre le travail et la vie, entraînant de nouvelles vulnérabilités liées au travail qui se traduisent par ce qu’on appelle communément les risques psychosociaux. Ceux-ci sont renforcés par la montée des outils et systèmes de contrôle : aujourd’hui, au travail, chacun est de plus en plus « sous contrôle », sur tous les sujets et à tout moment, via la multiplication des procédures, référentiels, standards,…
Cette tension entre la demande d’engagement d’une part et un contrôle toujours plus présent peut être source de stress, ou tout au moins absorber une grande partie de l’énergie des acteurs de l’entreprise.
Dès lors, comment briser cette contrainte ? En redonnant à l’organisation des marges de manœuvre.
Cela passe par plus d’autonomie donnée aux équipes. Attention à la fausse bonne idée que serait la tentation de ne donner cette autonomie qu’aux individus. Il est essentiel de préserver le facteur de protection apporté par les collectifs de travail.
Cette autonomie n’est possible que si on donne aux équipes suffisamment d’information pour qu’elles sachent « où elles vont ». C’est donc un vaste chantier qui s’ouvre, conjuguant autonomie, transparence et responsabilité. Ce chantier est ouvert chez Michelin, avec beaucoup d’humilité, de simplicité,… mais aussi d’ambition.
Mais tout cela ne serait-il qu’une vaste manipulation du « travailleur » où « l’auto-exploitation » aurait avantageusement remplacé « l’exploitation » traditionnelle ? Pour Bertrand Ballarin, la réponse est claire : oui, il y a un risque de manipulation auquel il faut être vigilant. D’ailleurs, avant d’expérimenter au sein d’une équipe, Michelin teste les motivations des managers qui veulent mettre en place ce nouveau mode de management. Néanmoins, il faut prendre le risque de la confiance pour expérimenter l’entreprise libérée.
Et vous, avez vous expérimenté l’entreprise libérée?
Hervé PLESSIX – Danone Research
Pour aller plus loin et découvrir l’entreprise libérée chez Michelin: