
Vous avez tous déjà travaillé à la maison, dans un café, dans un hall d’aéroport, voir dans les bureaux de votre client en attendant un rendez-vous, ou encore dans un bureau de passage mis à disposition par votre entreprise sur un site distant. Mais quelles sont les incidences sur notre bien-être, notre performance, nos modes de pensée, et du management de nos collaborateurs dans ces situations ? Qu’est-ce que cela dit des changements dans l’organisation du travail dans la société d’aujourd’hui et de demain ?
Telles sont les questions qui nous sont apparues lors que nous avons proposé le thème du télétravail à Laurence Dilouya pour animer l’atelier du WAWlab du 17 janvier 2019. Cet atelier s’est déroulé Proto 204, espace particulièrement adapté au partage et à l’innovation, gracieusement mise à notre disposition par son responsable Ronan James que nous remercions chaleureusement.
Accompagner les dirigeants dans des contextes de transformation à fort enjeu économique, social ou médiatique, telle est la proposition de valeur de Laurence au sein du cabinet arretsurimage qu’elle a créé. Sa rencontre avec le télétravail, Laurence l’a vécue au travers de ses travaux au sein de grandes organisations commet TF1 ou la SNCF, mais aussi avec NextDoor, un leader dans le domaine d’offres de cooworking et sans compter la pratique qu’elle a développée au sein de son entreprise avec ses collaborateurs.
Comme le permet le permet magnifiquement le Proto 204, l’atelier a principalement été un échange entre les participants dans lequel Laurence Dilouya a fait émerger un fil conducteur.

Faits saillants de cette soirée.
Tout d’abord, partons du constat que le télétravail, c’est-à-dire la capacité à travailler en dehors des murs de l’entreprise, s’appuie sur l’extraordinaire développement des moyens numériques mis à disposition de chacun, qui donne aujourd’hui la capacité à travailler virtuellement n’importe où. Il est probable que sans le développement des technologies numériques, des appareils mobiles et des services associés (smartphone, ordinateur portable, internet, visioconférence, outils collaboratifs, services cloud…) le télétravail ne serait pas devenu aussi incontournable qu’aujourd’hui. Sur ce point, Laurence Dilouya est claire : si ce n’est déjà fait, nous y viendrons tous.
Constatons ensuite que ce télétravail prend des formes très variées. S’il s’est sans doute introduit dans les métiers mobiles (fonctions commerciales, population de managers transverses multi-sites…) ou les fonctions sédentaires ou l’on travaille sur dossier (avocat, architecte…), le télétravail en entreprise se pratique aujourd’hui chez soi, parfois dans un cadre confortable (bureau dédié) ou moins (table de la cuisine), dans des lieux de transit (café, aérogares…), mais de plus en plus dans des lieux ou la convivialité, les services (café, restauration, bureautique) sont renforcés, voire des lieux prenant la forme d’écosystèmes collaboratifs et entrepreneuriaux de type accélérateur d’entreprise (Station F, Village by CA, etc….)
Alors dans ce contexte, quelles sont les motivations pour adopter une pratique de télétravail, et plus particulièrement, peut-on préciser celles des entreprises, et celles des collaborateurs ?
La réflexion des entreprises s’enrichit tous les jours de leurs expérimentations et de retours d’expérience. Mais on constate que le deal gagnant-gagnant avec les collaborateurs est souvent recherché dans une un esprit d’amélioration de la performance globale et de la prise en compte des attentes des collaborateurs et en particulier de leur équilibre personnel. Citons par exemple :
- La réduction du besoin de transport domicile/travail, qui libère du temps des collaborateurs, réduit la fatigue physique et mentale et donc améliore la performance, mais aussi réduit les flux de transport, les embouteillages et les émissions de CO2.
- L’amélioration du bien-être global du salarié qui, travaillant avec moins de charge mentale, améliore sa créativité et développe ses capacités à collaborer en réseau.
- Certaines entreprises trouvent également de nouveaux arguments, positifs cette fois, pour réduire la surface globale des bureaux des entreprises (réduire le sacré nombre de m2), ou les espaces sont désormais complètement orientés vers la collaboration (salles ou espaces de réunion impromptus, salles de créativité, salle de réunion multi-média…), ou de convivialité, pour mieux profiter des journées où les collaborateurs sont « au bureau ».
- Enfin, notons la démarche des entreprises qui, dans leur quête de la performance, souhaitent attirer les meilleurs talents. Intégrer ces méthodes de travail, devient aujourd’hui indispensable pour attirer les jeunes générations, pour qui travailler sur un projet au siège de l’entreprise à Paris, au Numa dans le sentier ou dans le lounge d’un hôtel d’aéroport n’est pas un problème.
En cohérence avec les objectifs des entreprises, les collaborateurs trouvent dans le télétravail un meilleur bien-être global, grâce notamment dans l’équilibre de leur vie professionnelle et personnelle et une meilleure gestion du temps, cette denrée si rare. En définitive, il apparait clairement que c’est bien par qu’il bénéficie aux collaborateurs, et donc par induction aux entreprises du fait de la performance accrue qui en résulte, que le télétravail se développe et s’impose dans tous les secteurs où une présence physique autour des moyens ou d’équipements particuliers n’est pas indispensables.
Mais le télétravail, ou l’évolution des lieux de travail, ne résument pas la transformation des modes de travail que connaissent les entreprises. Ils n’en sont qu’un aspect qu’il convient de replacer dans un contexte plus large. L’évolution des organisations, avec un aplatissement des structures, la responsabilisation et la délégation (empowerment) dont profitent de plus les collaborateurs, la transformation du rôle de manager, qui est passé de chef, à manager, puis leader et enfin coach, impactent tout autant la nature même du travail aujourd’hui.
Ainsi, au sein d’une équipe, d’une entreprise, le succès de la mise en œuvre du télétravail dépendra d’une refondation des modes de management où le contrôle devra laisser plus de place à la confiance et la méfiance s’effacer au profit de la bienveillance. Le manager devra ainsi tout autant organiser le travail à distance, que les moments pendant lesquels on se retrouve et on renforce l’indispensable collectif.
Les échanges se sont poursuivis autour du buffet collaboratif, marque de fabrique du WAWlab, jusqu’à épuisement des victuailles, mais pas des idées…